Caen en chantier (1933)

chrcan
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Caen en chantier (1933)

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intéressante visite de Caen fin 1933, à la découverte des travaux réalisés cette année-là

Le Moniteur du Calvados, numéro du 12 décembre 1933
http://normannia.info/ark%3A/86186/86c8 ... 0&s=0&cv=1

CAEN MODERNE
L'édilité Caennaise a procédé, samedi, à une intéressante visite des travaux municipaux

Samedi à 13 h. 30, André Detolle, maire de Caen; MM. Asseline, Cautru, Féret au Longbois et Yves Guillou, adjoints, entourés de nombreux conseillers municipaux qu'accompagnaient M. Pierre Marie, secrétaire-général adjoint de la mairie, remplaçant M. Maurice-Charles Renard, souffrant; MM. Jacquemard, ingénieur, directeur des services techniques et M. Le Boulanger, architecte, conducteur des travaux d'architectures de la Ville de Caen, ainsi que les représentants de la presse, prenaient place dans un vaste autocar afin de visiter les nombreux travaux exécutés sur l'initiative de la Municipalité Caennaise.

Nous jetons un coup d'œil sur la rue Paul-Doumer. Cette voie a été livrée à la circulation au début de cette année, Elle a dix mètres d'ouverture. La chaussée est en bitume par pénétration, les trottoirs sont en asphalte. Le passage a été effectué en remblai sur le grand Odon, des tronçons d’égouts ayant été posés à la traversée de la rue.
On sait combien le percement de cette voie est apprécié par tout le Haut quartier Saint-Martin, notamment, mis ainsi en communication directe avec le centre de la cité.

Voici la rue Georges-Lebret. Livrée à la circulation en 1932, elle a 16 mètres d'ouverture. La chaussée est en tarmacadam, les bordures en granit et les trottoirs en asphalte. Topographiquement, elle prolonge pour ainsi dire la rue Paul-Doumer, et forme un trait-d'union direct entre les quartiers de Vaucelles et de Saint-Martin.

Nous voici à l'école des garçons, rue Daniel-Huet. Cette école a été agrandie de deux classes spacieuses, bien aérées et munies de vestiaire avec lavabos. À la suite de ces classes, un préau fermé a été édifié, qui peut être utilisé comme salle de conférences ou de cinéma.
En raison de l'importance de cette école, elle a été dotée d'un bâtiment de quatre pièces à usage de conciergerie.
La cour de récréation étant insuffisante, une nouvelle cour a été créée, où sont installés des w.-c. modernes, munis de chasses d'eau automatiques.
Là, comme dans toutes les écoles de la ville, qui ont subi des transformations et que l'on a récemment aménagées, le chauffage central des bâtiments anciens et nouveaux est assuré par une installation au mazout, fonctionnant automatiquement et donnant une température de 14 à 16°.
Cette installation permet la suppression d'un coûteux personnel de chauffe et des manutentions anti-hygiéniques de charbon et de coke.
Notons que le contrôle du liquide dans les réservoirs à mazout est effectué très simplement par l'intermédiaire d'appareils spéciaux, fonctionnant par dépression d'air et indiquant automatiquement sur un cadran la quantité de « gaz-oil » contenue dans la ci-terne. En outre, le réglage des températures diurne et nocturne se fait dans toutes ces installations par l'intermédiaire de «thermostats », placés au gré des intéressés, à un emplacement quelconque des locaux chauffés.
En certains cas, l'étendue des surfaces couvertes a obligé à réaliser le chauffage à l'aide de deux ou trois chaufferies disposées judicieusement.

L’École des filles, place Gambetta, a été agrandie au premier étage, de deux classes prises dans des combles importants et inutilisés. Le temps nous manque pour en effectuer la visite. Le chauffage central au mazout y existe.

Nous stationnons un court instant devant le Square de l'Abreuvoir, à l'entrée de l'ancien Cours Circulaire, dénommé Boulevard Aristide-Briand.
Qui reconnaîtrait, en ce square si coquet, le marécage insalubre sur la rive duquel les jardins d'agrément des maisons de la rue Grusse, s'étalaient comme à regret, alors que quelque lad dépenaillé, gesticulant sur une passerelle délabrée, obligeait un malheureux cheval à s'ébattre en l'onde noirâtre et pestilentielle.
Aujourd'hui, les rives de l'Odon sont vraiment enchanteresses, grâce aux élégantes frondaisons, aux massifs harmonieusement dessinés, qui forment une sorte de coquet proscenium au décor superbe, qu'on a su planter à l'entrée des Tribunes, avec le Grand Cours pour toile de fond. Décor splendide, cadre unique que ne se lassent pas d'admirer les amateurs de turf.

Nous voici rue du Carel.
Cette voie a été livrée à la circulation en 1932. Elle est bornée à droite par l'antique rempart de l'Abbaye de Saint-Étienne.
A ce sujet, nos lecteurs seront peut-être heureux qu'on leur rappelle que « les mêmes motifs qui, après les désastres de l'invasion anglaise de 1346, avaient déterminé à fortifier l'abbaye de Sainte Trinité, firent adopter une résolution semblable, à l'égard de celle de Saint-Étienne. Le roi Jean, qui y séjournait en 1354, donna lettres-patentes à cet effet, sous la date du 4 décembre de cette même année, et le travail, en pleine activité en 1357, dut être probablement terminé peu après. »
« C'est en 1454, dans la lutte soutenue contre les Anglais, que fut démantelée une partie des fortifications de l'Abbaye aux Hommes » (1), dont nous contemplons aujourd'hui les derniers vestiges.
La rue du Carel mesure actuellement 10 mètres d'ouverture; ce n'est plus l'étroit passage ou poussiéreux ou fangeux que nous avons connu ! En effet, la chaussée est en tarmacadam, les caniveaux et les bordures sont en béton. Cette voie a été aménagée au-dessus de l'ancien lit de l'Odon et la rivière canalisée dans des tuyaux de ciment de 2 mètres de diamètre. (Promenade du Fort, le Grand Odon a été détourné de son lit et amené par une canalisation de 2 mètres à la rigole alimentaire, place Gambetta).
À l'extrémité de la rue du Carel, on a aménagé une sorte de vaste planitre, que complètent, place aux Granges, de larges trottoirs plantés d'arbres; ce coin de Caen, rendu salubre, a maintenant l'aspect élégant et gai.

Place du Lycée, on a procédé à l'aménagement du square érigé en arrière de l'obélisque élevé à la mémoire du duc de Berry. Ce square va être planté de rosiers.

Le temps ne permet pas de visiter les installations de chauffage central de l’École supérieure de garçons, rue de Bayeux, et de l’École primaire de garçons, rue Bicoquet.
En ce qui concerne cette dernière école, deux classes nouvelles ont été aménagées dans une ancienne salle de conférences.
Signalons, en passant, que l'installation du chauffage central au mazout faite à l’École supérieure de garçons, rue de Bayeux, est la plus importante de toutes celles effectuées dans les divers bâtiments de la Ville. Elle a coûté 300.000 francs. Trois chaufferies ont été disposées dans les sous-sols de l'établissement.

Nous mettons pied à terre à l’École des filles de La Maladrerie.
Après un rapide coup d'œil sur le magnifique panorama de Caen qui se déroule à notre vue, nous pénétrons dans cette école qui ne comprenait précédemment que trois classes de dimensions restreintes et d'éclairage naturel insuffisant.
Le bâtiment ancien ne contient plus que deux classes spacieuses au lieu de trois; on a agrandi les anciennes baies, on a créé des lavabos et des vestiaires et procédé au ravalement indispensable des façades, qui paraissent toutes neuves.
Perpendiculairement au bâtiment ancien, deux classes nouvelles ont été construites avec les mêmes aménagements que les précédentes; une nouvelle cour de récréation a été créée avec w.-c. modernes.
Nous nous intéressons, amusés, à l'installation de l’École Maternelle, avec ses petites chaises qui ont l'air de joujoux !
Enfin, s'harmonisant avec ce coquet ensemble, on a édifié un beau préau en béton armé.
L'ensemble des bâtiments forme maintenant un tout complet et le profane éprouverait de sérieuses difficultés à discerner l'ancienne construction de la nouvelle.
Là encore, le chauffage au mazout donne de très heureux résultats.
Les plans de cette école, ainsi que ceux de l'école maternelle de l'avenue Georges-Guynemer et de l’École de la rue de la Masse, sont dus à M. Enault, architecte municipal qui vient de prendre sa retraite et auquel nous sommes heureux d'adresser nos plus vives félicitations.

Nous voici transportés au Jardin des Plantes.
Puisque cette promenade est à la fois documentaire et instructive, qu'il nous soit permis de rappeler brièvement qu'aucun germe d'établissement de cette espèce n'existait à Caen, avant la fin du XVIIe siècle.
C'est à Callard de la Ducquerie que nous devons la première collection choisie de plantes.
Il y avait alors 559 espèces.
Marescot lui succédait en 1718, et c'est en 1738 que fut acquis le Jardin des Plantes actuel, qui comptait en 1739 : 3.479 espèces, et qui a subi divers agrandissements.
Il a prospéré après Marescot, sous ses successeurs Blot, Desmoueux, Devaux, Lamouroux, etc..
(Le tombeau de Desmoueux existe encore dans la partie haute du Jardin)(2).
Nos lecteurs, amateurs d'horticulture, constateront, comme nous, avec le plus vif plaisir, que la grande serre, dont on déplorait l'état de vétusté et qui abrite l'hiver des plantes de très grande valeur, a été complètement remise à neuf cette année, de même que la galerie de circulation.
Les années précédentes, deux petites serres avaient, elles aussi, subi d'importants travaux de réfection. Ce programme se poursuivra, sur les crédits d'entretien, les années à venir, jusqu'à remise en état complète de toutes les serres.
Rappelons que celles-ci, en dehors d'une riche collection d'orchidées, contiennent les plantes les plus rares, dont certaines exotiques et fort curieuses, attirent la visite de nombreux étrangers.
Une serre à multiplication en bois et maçonnerie est en voie d'achèvement et conçue de telle façon que la perspective de l'entrée du Jardin n'en soit pas modifiée. Cette serre permettra d'obtenir, dès les mois de mars et avril, les fleurs nécessaires à la décoration de nos squares et jardins.
Les anciennes et vétustés chaudières « à cloche », chauffant l'ensemble des serres, viennent d'être remplacées par des chaudières modernes ayant fait leurs preuves.
D'autre part, les locaux de l'Institut botanique, situés dans le bâtiment principal des grandes serres, viennent d'être restaurés et transformés, à la grande satisfaction du distingué directeur, M. le docteur Choux.

Nous nous dirigeons ensuite vers la rue de la Masse.
Entre l'avenue Georges-Clemenceau et la rue Basse, on a procédé à la réfection de la chaussée avec du bitume, par pénétration.
Nous visitons en détail l’École des garçons de la rue de la Masse prolongée, qui vient d'être ouverte à l'enseignement. Située sur un terrain vaste et bien aéré, elle comprend sept classes avec logement du directeur, bâtiment de conciergerie, cantine, réfectoire, préau et w.-c. modernes dans la cour.
Toutes les classes sont munies de lavabos et de vestiaires. Les escaliers et les dégagements sont très larges, afin de permettre une circulation facile
Cette école, comme les précédentes, a été dotée d'une installation de chauffage central au mazout.
La rue de la Masse prolongée va subir, dans un avenir prochain, une modification importante. Sa ligne droite sera continuée et la nouvelle voie s'ouvrir à quelques mètres de l'entrée de l'hôpital.

L'heure avançant, on décide de ne pas visiter l'installation du chauffage central au mazout de l’École de filles de la rue du Puits-Picard, appelée tout récemment encore « groupe scolaire ».
Nous nous rendons au Commissariat du 1er arrondissement, rue Saint-Malo (dénommé Commissariat de la Tour).
Aviez-vous visité l'ancien Commissariat, véritable taudis ? Aujourd'hui, une construction neuve, claire et spacieuse, le remplace.
Je ne sais si vous avez pénétré... « l'âme des violons », en la Tour Guillaume-le-Roi (Rappelons brièvement que cette tour, située sur la Petite Orne, un peu au-dessous du pont Saint-Pierre — dont une partie de l'arche de pierre était apparente il y a peu de jours encore, lors des travaux d’égouts de la place Saint-Pierre, alors qu'on découvrait une partie du mur d'enceinte que l'on a dû démolir complètement pour passer les tuyaux d'un diamètre imposant — tout près de la Porte Saint-Malo, avait pour objet de fermer, sur ce point, l'entrée de la Ville par la rivière. La Tour au Landais, qui lai faisait face, commandait l'autre rive). (3).
Mais revenons aux «violons ». Ceux-ci, situés autrefois en sous-sol dans « la Tour » étaient dans un état d'infection continuel, que nous nous refusons à décrire...
Aujourd'hui, les cellules sont au rez-de-chaussée, parfaitement saines et dissimulées à la vue du public. Le planton a son poste muni d'un guichet.
Au premier étage, se trouve le poste des agents, une salle d'archives, w.-c, et les bureaux du commissaire de police et du secrétariat. Tous les locaux sont munis du chauffage central au mazout.
L'installation des w.-c, tant des cellules que de l'étage, est reliée à l’égout collecteur par une fosse septique. Le nettoyage des appareils est assuré d'une façon intermittente par une chasse d'eau automatique.

Sur l'itinéraire prévu, nous lisons qu'un arrêt est indiqué à la Poissonnerie,
«Ce bâtiment remonte à 1832; ce fut un des premiers soins du nouveau Conseil municipal après la Révolution de 1830, de remplacer les anciens établissements, mal situés, mal orientés, mal aérés et d'un entretien difficile quant à la propreté, par un autre bâtiment qui ne donnât pas lieu aux mêmes reproches » (4). C'est celui que nous voyons encore aujourd'hui.
Nos édiles ont tenu à apporter de notables améliorations, que nous tenons à souligner deux tables de vente en béton armé, viennent d'être installées et ont permis de doubler le nombre des places de vente.
Un meilleur éclairage, en même temps qu'une protection plus efficace du public contre les courants d'air intenses dans cet établissement, ont été réalisés en remplaçant partiellement les persiennes des baies par des châssis en menuiserie, munis de vitres.

Nous avons omis, en raison du temps limité, de nous rendre place du Sépulcre, où l'on envisage la construction possible d'une école, pour remplacer celle de la rue du Vaugueux.
L'asile de nuit qui avait pris place en l'église collégiale du Saint-Sépulcre (supprimée par suite de la révolution de 1789), a été transféré dans le bâtiment des dockers, quai Vendeuvre, et abrite, en ces nuits glaciales, de nombreux sans-logis.
(A suivre).

G, Lt,

(1) Histoire de la Ville de Caen, par Fréd. Vaultier, Caen, Mancel, libraire, 1843, f° 64 et 65.
(2) Ibid., f° 342 et 343.
(3) Ibid., f° 199 et 200.
(4) Ibid., f° 216.
chrcan
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Re: Caen en chantier (1933)

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Le Moniteur du Calvados, numéro du 13 décembre 1933

Nous continuons notre promenade en zigzags ; nous avons un peu l'air de touristes étrangers visitant l'Athènes Normande !

Nous voici à l’École primaire Supérieure de filles, rue Saint-Jean, dont l'aimable directrice, Mme Levesque, nous fait les honneurs.
Cette école, pour répondre à une nécessité urgente, fut agrandie l'an dernier dans de notables proportions, grâce à l'acquisition nécessaire de l'hôtel Delalande.
L'un des anciens bâtiments d'internat a été surélevé de deux étages, pour permettre l'installation de dortoirs nouveaux avec lavabos, w. c. et vestiaires.
L'autre bâtiment, de construction ancienne, transformé, abrite le réfectoire, agrandi.
Tout contre la Banque de France, on a construit un nouveau bâtiment de classes au rez-de-chaussée, et les deux étages au-dessus comprennent six classes avec vestiaires et lavabos. L'ensemble de la dépense s'est élevé à 750000 francs.
Tout l'ensemble de l'immeuble est chauffé au mazout.

Nous nous dirigeons ensuite vers la rue de Falaise.
La Recette des postes est une réalisation chère à M. Féret du Longbois, adjoint. Construction spacieuse comprenant, au rez-de-chaussée : salle où le public accède aux guichets, salle de tri, w.-c. du personnel et de la receveuse, vestibule d'accès au logement personnel de la receveuse au premier étage. Ce logement comprend cinq pièces avec grand grenier sur le tout. Au sous-sol : caves et installation de chauffage au mazout.
Après avoir visité le Bureau des Postes, les virtuoses de l'alpinisme peuvent s'en donner à cœur joie en gravissant la pente raide qui doit recevoir un escalier donnant un accès facile au Square de Vaucelles. (Quel merveilleux emplacement on a découvert là! Le square, proprement dit, est achevé. Il a été réalisé, sous forme de chantier municipal, par les chômeurs de l'an dernier.
On construit actuellement un mur d'enceinte, qui sera surmonté d'une grille, en bordure de la Venelle des Champs et permettant de donner à cette voie une largeur de 10 mètres. Une entrée en rotonde y est prévue.
La clôture de l'hôtel des Postes sur la rue de Falaise sera prolongée jusqu'aux constructions voisines et une belle grille d'entrée du square y sera aménagée. Enfin, détail utilitaire, certains édicules seront installés dans l'angle rentrant fourni par les constructions voisines, vers la rue d'Auge.
Également donnant sur ce square, deux salles de réunions prises dans la partie conservée d'un vieil immeuble, seront prochainement mises à la disposition des sociétés de ce faubourg important.
Après avoir regagné la rue de Falaise, après une descente presque acrobatique opérée, grâce à une échelle disposée là providentiellement en attendant l'escalier, nous nous acheminons vers la route de Falaise.

Nous voici au Boulevard V. Cette voie, qui a 25 mètres d'ouverture, a été livrée cette année à la circulation. La chaussée est en bitume, par pénétration; les caniveaux sont en béton, les bordures en grès. Le travail a été exécuté par un atelier de chômeurs, à l'exception du revêtement de la chaussée, œuvre d'une entreprise.

Nous nous arrêtons à l’École Maternelle de l'Avenue Georges-Guynemer.
Située en bordure de cette avenue et d'une voie nouvellement ouverte, cette école est la plus moderne de notre ville. Son installation confortable séduit immédiatement le visiteur non prévenu, qui va s'émerveillant de découverte en découverte.
Au rez-de-chaussée, il y a cinq classes ; deux cents marmots sont répartis là, faces joufflues, joues non pas roses mais rouges ; tous ceux-là semblent avoir fait leur la devise du Timbre Antituberculeux 1933 : « Jeux et Santé ». Je crois que l'air pur respiré ici complète heureusement l'effet du vaccin B, C. G.!
Au rez-de-chaussée, nous voyons encore le bureau de la directrice, le préau, la salle de repos et nous croyons entrer dans une maison de poupées en contemplant la salle de bains, les groupes de lavabos et les w.-c minuscules ! Voici les douches, le cabinet du docteur, le réfectoire avec ses tables presque à ras du sol, la buanderie et un vaste préau fermé, qui relie les deux bâtiments des classes.
Au premier étage du bâtiment d'entrée, se trouve l'appartement particulier de la directrice.
L'eau chaude et l'eau froide circulant partout, entretiennent chez l'enfant le goût de la propreté et permettent de donner à tous ces petits des soins hygiéniques, trop souvent méconnus chez eux, hélas !
Le chauffage central au mazout est assuré par trois chaufferies ; l'air, la lumière et l'éclairage artificiel par diffuseurs, sont distribués largement dans tout l'établissement.
L'été prochain, la cour, plantée d'arbres, les pelouses gazonnées sur lesquelles seront aménagés des massifs garnis de fleurs, donnera à l'ensemble un aspect des plus séduisants.
Un tel effort ne pourrait être réalisé dans toutes les écoles de la ville, étant donné le montant énorme des dépenses engagées.
Face à cette école, se dresse le troisième groupe de cités, édifié par l'Office Municipal d'Habitations à Bon Marché. Dans un mois environ, on procédera à l'inauguration de ce groupe et à la pose de la première pierre de la première maison qui seront construites grâce au legs Busch.

Le temps nous manque pour examiner certains aménagements. Nous apprendrons simplement que les rues Victor-Lépine, Pierre Gringoire et de Formigny, ont été livrées cette année à la circulation. Elles ont chacune 15 mètres d'ouverture. La chaussée est faite en tarmacadam, les bordures sont en grès et les caniveaux en béton, alors que rue du Marais, dont la chaussée a été refaite sur toute la iongcur, on a employé le bitume par pénétration.

En ce qui concerne la rue Canchy, cette voie de 10 mètres d'ouverture, a été, depuis peu, livrée à la circulation. La chaussée a été faite de bitume par pénétration, les caniveaux sont en béton et les bordures en grès, et le travail a été exécuté par les chômeurs.

Pressés par l'heure, nous ne pouvons nous rendre au Groupe Scolaire du Boulevard Leroy. L'installation du chauffage central au mazout est réalisée là comme partout ailleurs. On a créé une nouvelle cour de récréation sur un terrain voisin, nouvellement acquis et on a continué la grille de clôture sur le boulevard Leroy.

Nous ne pouvons rendre compte des travaux si importants exécutés à la Gare-État; le temps trop limité ne nous a pas permis de nous rendre à ce chantier.

À ce trop rapide aperçu, il y aurait eu lieu d'ajouter la réfection des peintures des bâtiments de l'Université, lors de la visite de M. le Président de la République, puis aussi la restauration du Théâtre municipal, dont tous les Caennais ont apprécié l'heureuse réalisation.

Pour l'exécution de ces divers travaux, il convient de féliciter tout particulièrement M. Jacquemard, ingénieur, directeur des Services techniques, et M. Le Boullanger, architecte, conducteur des travaux d'architecture de la ville de Caen, qui, en toutes circonstances, se sont montrés à hauteur de la tâche difficile qui leur a été confiée.

Nous les remercions pour l'extrême bonne grâce avec laquelle ils nous ont fourni, en cette après-midi si bien remplie, tous les renseignements techniques que fort indiscrètement, comme le plus curieux des profanes, nous avons sans cesse sollicités d'eux.

Nous ne pouvions mieux terminer notre visite que par le réseau d'égouts.

Non loin de la station d'Air Comprimé, petit cube tout blanc qui se dresse à l'entrée du Cours Caffarelli, nous étions attendus par les personnalités ayant dirigé les divers travaux: MM. Aubry, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées ; Prempain et Gibert, ingénieurs ordinaires des Ponts et Chaussées; Sabatier, directeur de la Société Eau et Assainissement; Masselin, ingénieur électricien.
Nous pénétrons dans la station d'Air Comprimé et pouvons obtenir d'une bouche autorisée, les renseignements suivants, concernant le principe des systèmes d'égouts de Caen.
Les travaux en cours comportent l'établissement :
1) d'un réseau de canalisation, par l'évacuation des eaux pluviales. (Ce réseau complète le réseau actuel d'égouts qui sera affecté uniquement à l'écoulement des eaux pluviales).
2) d'un réseau d'égouts pour les eaux-vannes.
3) de la dérivation des lits des Odons.
4) d'usine de traitement des eaux-vannes.

Eaux pluviales. — Évacuation à l'Orne, à l'aval du barrage des eaux des parties hautes de la Ville et des parties basses. Évacuation au Canal des eaux du quartier de Calix. Évacuation à la rigole alimentaire des eaux du quartier Saint-Pierre.

Eaux-vannes. — Système d'égout absolument indépendant de celui des eaux pluviales. Les eaux des quartiers hauts s'écoulent par gravité dans des conduites forcées à la traversée de la partie basse de la Ville, jusqu'à la station d'épuration. Les eaux des quartiers bas se recueillent en des points déterminés, où elles sont relevées mécaniquement par des postes éjecteurs et émulseurs et envoyées par gravité jusqu'à la station de traitement.

Odons. — La traversée à ciel ouvert de la Ville par les Odons est supprimée. Le Petit Odon est ramené au Grand Odon, rue Saint-Ouen. Le Grand Odon est amené à la rigole alimentaire, place Gambetta.
Dans les lits des Odons seront posées une canalisation d'eaux-vannes et une canalisation d'eaux pluviales.
En possession de ces renseignements, nous nous intéressons davantage aux explications qui vont nous être fournies au cours des visites que nous allons effectuer aux stations d'Air Comprimé et d'épuration.

Station d'Air comprimé. — Elle est installée, comme nous le disions ci-dessus, à l'entrée du Cours Caffarelli et comporte deux compresseurs d'air à moteurs électriques, l'un capable d'aspirer 1.200 mètres cubes d'air à l'heure, l'autre 600 mètres cubes. Ces appareils compriment l'air à 1 kg 5 et l'envoient dans des canalisations en fonte aboutissant aux postes éjecteurs disposés en différents points de notre Ville, pour le relèvement des eaux usées, à ces postes, les eaux-vannes sont prises à un niveau déterminé et refoulées directement à l'air comprimé à un niveau tel que l'écoulement vers l'usine de traitement se fasse par gravité.

Station d'épuration. — Cette station se trouve sur la gauche du Cours Caffarelli, à hauteur du Nouveau Bassin. La solution adoptée consiste dans la décantation des eaux d'égouts, telles qu'elles sont amenées par le collecteur général et leur déversement continu dans l'Orne en un point où leur dilution dans les eaux de la rivière sera largement supérieure au minimum de 1/50e.

La station comporte
1) Une bâche d'arrivée des eaux d'égouts et de distribution dans les ouvrages de décantation. Elle est constituée par un réservoir cylindrique de 8 m. de diamètre et est supportée à sa partie inférieure par une tour de 1 m, 50 de diamètre, au pied de laquelle aboutit le collecteur général, Dans cette bâche, les corps flottants sont retenus par des grilles inclinées, placées à la partie supérieure à l'entrée des départs vers les décanteurs.
2) Une batterie de 8 décanteurs, établis autour d'une vasque de répartition dans laquelle arrivent les eaux débarrassées des matières flottantes. Dans cette vasque, 8 déversoirs assurent une répartition automatique et uniforme entre les 8 décanteurs.
Des déversoirs, les eaux s'écoulent dans chaque décanteur par une rigole.
Les boues se déposent dans les décanteurs et les eaux sont évacuées par des rigoles et réunies dans une conduite générale, complètement débarrassées des boues et des corps flottants.
Les boues sont refoulées dans un réservoir de réception de 53 mètres cubes, d'où elles peuvent s'écouler pour être réparties sur un terrain de déversement.
M. Sabatier a reçu, à la station d'épuration, les félicitations très méritées de la part de la Municipalité tout entière,

Siphon sous l'Orne. — La conduite générale d'amenée des eaux-vannes à la station d'épuration doit obligatoirement traverser le Canal ou l'Orne, pour arriver à la station d'épuration. Cette traversée se fait à l'écluse de l'Orne, par un siphon.
La canalisation d'eaux-vannes est placée dans une autre canalisation visitable d'un diamètre de 1 m 50.
Nos concitoyens auraient été sans doute un peu étonnés de voir M. le Maire, ses adjoints, conseillers municipaux et les membres de la Presse, descendre dans un regard, par une échelle de fer, face à la rue de Suède et Norvège et réapparaître quelques minutes plus tard, surgissant d'un autre regard, à quelques mètres de la Morgue.
Cette excursion ne manquait pas de pittoresque. Nous marchions en file indienne, la lumière crue des lampes à acétylène, projetait sur les parois l'ombre de nos corps recroquevillés en une marche rampante et titubante.
Cet exploit original nous permit de nous rendre compte qu'à l'intérieur des siphons que nous explorions, à coté de la canalisation d'eaux-vannes que nous citions tout à l'heure, est placée la conduite générale d'air comprimé.
Ainsi que nous le disions plus haut, l'accès au siphon a lieu de chaque côté de l'écluse de l'Orne par des regards munis d'échelles.

Place de la Préfecture, nous primes congé, nous disant, une fois de plus, que l'histoire est nn perpétuel recommencement et que, grâce à l'effort considérable accompli par nos édiles caennais, pour l'assainissement et l'embellissement de la cité, cette lettre de Mme de Sévigné à sa fille, en date du 5 mai 1689, redevient brûlante d'actualité :
Ce pays est très beau, et Caen la plus jolie ville, la plus avenante, la plus gaie, la mieux située, les plus belles rues, les plus beaux bâtiments, les plus belles églises, des promenades, et enfin la source de tous nos plus beaux esprits. (5).

G. Lt.

(5) Histoire de la Ville de Caen, par Fréd. Vaultier. Caen, Mancel, libraire, 1843, f° 368
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Michael
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Re: Caen en chantier (1933)

Message non lu par Michael »

Merci pour l'article, beaucoup d'informations dedans

L'association en a rédigé 2 dans la même veine

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