L'incendie des chantiers du fort (1866)

chrcan
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L'incendie des chantiers du fort (1866)

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Le Bonhomme normand, numéro du 17 novembre 1866

INCENDIE DES CHANTIERS DU FORT.
Il n'est bruit, depuis deux jours, à Caen et dans les villes voisines, que du terrible incendie qui a mis toute notre population en émoi, dans la nuit de mardi à mercredi dernier.
Par cela même que les sinistres sont plus rares chez nous, l'esprit public s'émeut davantage au retour inattendu de chacun d'eux.
C'est là ce qui explique ces conversations de toutes les heures et de toutes les portes, dont l'incendie des promenades du Fort fait encore tous les frais.

Nous devons avouer, du reste, que ces préoccupations du moment puisent, cette fois, leur pleine raison d'être dans les proportions effrayantes auxquelles le sinisitre a atteint.
Jetons, avant tout, un regard rétrospectif sur les vastes terrains qui, s'étendant parallèlement aux jardins de la préfecture, et côtoyant les promenades du Fort, étaient occupés par une foule de constructions en planches et de bâtisses en torchis à usages de remises, d'ateliers et de magasins.

33 locataires principaux, sous-louant eux-mêmes à de nombreux commerçants de la ville, occupaient ou faisaient occuper des parcelles de ce terrain, dont le fond appartient à MM. Gardin.
On y remarquait surtout de nombreux chantiers de bois appartenant à divers menuisiers, et de grandes quantités de fagots et de charbons déposées là par les boulangers, les uns sous de vastes hangars, les autres en plein vent.
Puis c'étaient des magasins de réserve, où les carrossiers déposaient leurs voitures, les marchands de chiffons, leurs ballots de guenilles et certains négociants, leurs provisions de charbon de terre.
En un mot, cet espace de terrain, qui ne mesure pas moins de 150 mètres carrés, représentait assez bien, avec ses innombrables ruelles et ses mille constructions volantes de l'aspect le plus disparate, quelque ville en bois.

C'était à se demander, quand on pénétrait dans ce vaste labyrinthe, aux étroites et inextricables issues, si l'on en sortirait aussi facilement qu'on y était entré. Eh bien ! de tout cet ensemble bizarre et en quelque sorte insondable, il ne reste aujourd'hui qu'un amas de décombres informes, et à peine éteints.
Trois heures ont suffi au fléau destructeur pour réduire à néant cet imprudent assemblage de bâtisses légères, qui se sont effondrées avec une effrayante rapidité sous l'étreinte des flammes.

Rien cependant ne faisait encore prévoir le désastre, mardi soir, à 10 heures.
Ce soir là, comme d'habitude, les onze ouvriers occupés par M. Machurey, peintre en voitures, avaient quitté leurs travaux accoutumés à 9 heures. M. Machurey et sa famille, se composant de sa femme et d'une jeune fille de 16 ans, leur nièce, avaient gagné leur chambre à coucher, une heure plus lard. C'est cependant de cette habitation, si paisible en apparence, que l'étincelle incendiaire s'est échappée, pour embraser sous le souffle d'un vent assez puissant du nord-ouest, tout ce qui s'est offert à sa dévorante activité.
Pour se bien rendre compte des conditions dans lesquelles le désastre a commencé, quelques détails sur la disposition des lieux sont nécessaires. M. Machurey occupait, au milieu d'une allée donnant sur le cours du Fort, près de l'Odon, un vaste bâtiment dont une grande partie située au rez-de-chaussée, lui servait d'atelier. C'est dans cet atelier plein de matières essentiellement inflammables, que le feu a pris naissance. Au premier étage s'étendaient sur les ateliers et la cuisine, trois pièces, l'une à usage de chambre à coucher pour les époux Machurey, l'autre à pareil usage pour leur nièce, et la troisième utilisée comme magasin dans lequel se trouvaient en quantité, des essences, du goudron, des vernis et entre autres; une tourie de luciline et deux de coltar. La jeune fille a été la première réveillée vers une heure du malin, par les sinistres lueurs qui jaillissaient de l'étage inférieur.

A ses cris d'alarme, les époux Machurey se sont réveillés à leur tour; mais telle était l'imminence du danger, qu'ils n'ont pu sauver dans leur fuite précipitée, que leurs livres de comptabilité, un tiroir plein de quittances, deux fusils de chasse, et une montre en or.
Tous les trois se sont échappés à peine vêtus, et l'on nous affirme que la commotion a été telle pour madame Machurey, qu'une partie de la nuit, on l'a vue errante et égarée, au milieu des débris enflammés qui s'écroulaient de toutes parts, avec de formidables craquements.
En se reportant aux détails qui précèdent, concernant le mode de construction et d'aménagement de toutes les bâtisses voisines, il est facile de se rendre compte des énormes proportions qu'a du prendre en quelques instants l'incendie, avant qu'on ait pu même organiser les premiers secours.

Secours superflus, d'ailleurs, en tant que de ce qui était de disputer aux flammes la proie dont elles s'étaient emparées.
Aussi, tous les efforts des huit pompes mises en jeu, se sont-ils bornés à circonscrire le feu dans l'immense périmètre où il régnait en maître, et à préserver de l'atteinte des flammes les arbres de la promenade. Si ces derniers, en effet, avaient pris feu, ont eût eu à redouter une conflagration générale qui, aidée par le vent, eût menacé, de la manière la plus sérieuse, l'hôtel de la Préfecture et l'église Notre-Dame, dite de la Gloriette, dont toute la charpente est construite en bois. En face du danger couru par cette dernière, on s'explique plus aisément le zèle infatigable avec lequel le sonneur de cette paroisse a fait retentir, cinq heures durant, et sans nulle interruption, les appels désespérés de la cloche d'alarme. C'est vers trois heures du matin, que le foyer incandescent avait acquis sa plus effrayante intensité.
Les flammes, à ce moment, montaient si haut et si serrées, qu'elles ne formaient plus qu'un vaste océan de feu qui éclairait la ville comme en plein jour. Leur violence était telle qu'elles vomissaient des brandons ardents jusque dans les quartiers les plus éloignés.
Plusieurs de ces brandons ont failli occasionner sur divers points de nouveaux désastres. Dans la rue des Jacobins, chez M. Point, peintre, dans la rue Jean-Romain, chez M. Belcour, des commencements d'incendie, aussitôt éteints que déclarés, se sont produits.
Peindre la poignante émotion qui opprimait à ce moment tous les spectateurs de ce grandiose, mais effroyable spectacle, serait chose difficile.
Mais là, où l'émotion n'étail certes pas moindre, c'était au sein de chaque famille, où les femmes, attendant le retour de leurs pères, de leurs maris ou de leurs frères, suivaient anxieuses et terrifiées les progrès de l'incendie, par les sinistres lueurs qui empourpraient l'horizon.
Je ne sais rien de plus lugubrement émouvant que le cri au feu, jeté par des voix que l'émotion étrangle, au milieu du silence absolu de la nuit, je ne sais rien qui vous remue plus profondément que le premier appel du locsin, lançant à travers l'espace de sa voix d'airain, le cri d'angoisse et le signal de détresse ! — Et cependant, il existe en ces heures d'émoi public, d'autres sensations autrement poignantes.
Ce sont celles qui naissent dans l'esprit inquiet des pauvres malades, que leur voisinage du lieu du sinistre remplit d'une terreur folle ; en raison même de leur impuissance à conjurer le danger, ne fut-ce que par la fuite.

Lors du récent incendie de la rue Saint-Jean, j'ai assisté à une scène de ce genre, dont le souvenir me suivra longtemps encore. Mais, hâtons-nous d'ajouter que, dans le sinistre qui nous occupe, rien de semblable n'était à craindre, puisque presque tous les bâtiments incendiés, n’étaient pas à usage d'habitation. A quatre heures et demie du malin, le feu circonscrit dans son immense foyer, arrêtait ses ravages, faute d'éléments nouveaux à dévorer, et le tambour donnait le signal de la retraite aux premiers détachements de travailleurs appartenant à notre brave régiment. — Il va sans dire que ces détachements se trouvaient remplacés par d'autres qui, jusqu'à midi, ont continué l'œuvre de sauvetage et de déblaiement des décombres.

M. le Préfet, accompagné de M. Flandrin, secrétaire-général de la Préfecture étaient arrivés des premiers sur les lieux du sinistre, où ne tardaient pas à les rejoindre toutes les autorités judiciaires, administratives et militaires. M. le Maire, accompagné de M. Verdier, secrétaire-général de la mairie, et une grande partie des membres du Conseil municipal, s'étaient également empressés de répondre au cri d'alarme.
Parmi les travailleurs les plus modestes, mais aussi les plus infatigables, nous avons remarqué des prêtres appartenant h toutes les paroisses de la ville et les frères des différentes succursales de nos écoles chrétiennes, les artistes du théâtre de Caen et les frères Récollels, de Sainte-Paix.
On est assez habitué aux actes de dévouement et d'abnégation de notre compagnie de pompiers, dans de telles circonstances, pour qu'il nous soil inutile d'appuyer sur les efforts héroïques tentés par ces soldats du devoir, en face de l'ennemi aveugle qu'ils avaient à combattre.
En obéissant à l'exemple de leur capitaine M.Paysan, ils ont, huit heures durant, oublié fatigues et dangers, pour ne s'occuper que de l'intérêt général.

La police, ayant à sa têle M. le Commissaire central et les Commissaires des autres, quartiers, s'est, de son côté, vaillamment acquittée de sa difficile mission. Bien qu'arrivés des premiers sur le lieu du sinistre, nous y avons déjà trouvé M. le Commissaire central, en train de faire mettre en lieu sûr deux pièces d'alcool placées dans la maison la puis voisine de celle habitée par M Machurey. —Il n'était que temps, car déjà le toit commençait à prendre feu. Immédiatement derrière la maison de M. Machurey, se trouvait une remise de carrossier, qui a des premières été atteinte par les flammes; aussi, n'a-t-on pu sauver aucune des voitures qu'elle contenait. De ces voitures, il ne restait le lendemain matin que les ferrures des roues et toutes les parties métalliques, — aussi propres, aussi nettes qu'à l'état primitif. Avant même l'arrivée des premiers secours, on s'était activement occupé du sauvetage de tous les magasins et remises, encore éloignés du foyer primitif de l'incendie.
C'est ainsi qu'on a pu sauver tout le matériel d'arrosage appartenant à la ville, ainsi que les chevaux qui se trouvaient dans une écurie voisine.
On a pu également retirer en temps les voilures de deuil pour le service des pompes funèbres, appartenant à M. Pagny. Beaucoup de planches et d'objets mobiliers de toute sorte, ont été également préservés.

Aussi , la place de la Préfecture et les rues avoisinantes ont-elles été encombrées pendant toute la journée de mercredi, par des dépôts de toute sorte, — le quartier ressemblait à un vaste bazar en plein vent, au milieu duquel chacun venait reconnaître ce qui lui appartenait.
Par une précaution fort sage, M. le commissaire central avait donné l'ordre à ses agents de ne laisser rien enlever, sans que l'un d'eux accompagnât à domicile le propriétaire des objets réclamés..Grâce à cette utile mesure, les tentatives des voleurs à l'incendie se sont trouvées réduites à néant. Les pertes totales ne peuvent être encore connues d'une manière exacte. On les évalue, quant à présent, d'une manière approximative, au chiffre de 270,000 frs. Le nombre des locataires principaux incendiés est de 33, possédant chacun d'autres sous-locataires, auxquels ils sous-louaient des parcelles de leur terrain. Nous avons compté jusqu'à 19 sous-locataires pour un seul locataire principal.
Il est facile de comprendre, d'après cela, combien il serait difficile, quant à présent du moins, d'offrir un relevé minutieusement exact de chacune des pertes subies.

Voici toujours les noms des principales victimes, avec les sommes auxquelles chacun d'elle évalue ses dommages :
MM. Machurey, environ 20000 fr.
Lefèvre (Jules), 10000
Leroux, marchand de chiffons, 40000
Godillon, marchand de bois, 18000
Ozanne, marchand de faïence, 8500
Ménager, 1600
Laurent, loueur de voitures, 12000
Aude, id. 6000
Chevalier, menuisier, 50000
Legras, id., 8000
Faucon, id., 2000
Lentin, id., 15000
Marie, id., 5000
Lehérissey, tonnelier, 4000
Chanu, refendeur, 2000
Deshayes, boulanger, 1700
Montier, id, 1800
Péan, id., 3000
Huet. sculpteur, 600
Tréhardy, ébéniste, 500
Troppey, menuisier, 8000
' Guénn, forgeron, 20000
Chalange, 800
Fourney, 600
Delasalle, carrossier, 10000

Dans le nombre des incendiés, beaucoup étaient assurés; beaucoup aussi, malheureusement, ne l'étaient pas. On nous parle de nombreuses familles d'ouvriers et de petits commerçants, que cette nuit désastreuse aura complètement ruinés; — c'est navrant. M. Machurey, qui était assuré à l'Union, pour une somme de 21,000 fr., n'avait donné dans sa police place aux risques locatifs, que pour 2,000 fr. — Cette somme, en devenant insignifiante relativement à l'étendue du désastre, laissera assurément M. Machurey aussi éprouvé que le plus éprouvé de ses voisins. Il n'est rien tel que ces rudes et foudroyantes leçons de l'expérience, pour ouvrir les yeux sur des dangers quotidiens dont l'imminence et la gravité avaient échappé jusque là même aux plus prévoyants.

C'est ainsi que du théâtre du sinistre, notre esprit se reporte naturellement sur le passage Bellivet et les vieilles constructions en bois qui le composent. — Une allumette suffirait pour provoquer dans cet étroit boyau une conflagration générale, au milieu de laquelle tout le quartier pourrait bien se trouver sérieusement compromis. Il y aurait donc lieu, nous paraît-il, là plus que partout ailleurs, de prendre les précautions les plus efficaces ; et cependant la plupart des bazars qui habitent ce passage, ne sont fermés la nuit, que par une toile mince et fort sèche.
Dans les environs se trouvent des cafés. — Qu'un client en sortant de l'un de ces établissements, jette par mégarde l'allumette dont il vient de se servir pour allumer son cigare, sur l'une de ces toiles, et dix minutes après tout l'étalage composé de menus objets éminemment combustibles, sera en feu.—Vous voyez d'ici les conséquences. N'y aurait-il pas lieu de se préoccuper d'un tel état de choses ; de même, n'y aurait-il pas lieu de défendre une fois pour toutes, l'agglomération de constructions en planche, surtout aux portes de la ville.
Dans les trois journées qui viennent de s'écouler, le théâtre du sinistre a été constamment le but d'une promenade entreprise par des visiteurs sans cesse renouvelés.

Hier jeudi, trois pompes restées sur place, éteignaient, à l'aide de jets continus, les derniers débris encore enflammés. On nous rapporte, à propos de M. Aude, loueur de voitures sur le nouveau boulevard, un détail assez singulier. M. Aude avait, comme tant d'autres, des remises sur le terrain incendié.—Ces remises renfermaient, mardi soir, huit voitures, dont une toute neuve et d'un certain prix. Par une précaution fort sage, leur propriétaire qui avait eu besoin, dans la soirée, de visiter son matériel, s'y était rendu sans lumière. Prudence inutile, quand la fatalité s'en mêle, puisque cinq heures après tout était réduit en cendres,— rien n'était assuré. Ce désastre va laisser sans travail, pour un espace de temps, dont on ne saurait fixer la durée, près de 200 ouvriers : hommes et femmes. M. Leroux, pour son compte seul, en occupait plus de 30.
C'est donc toute une liste de nouvelles victimes à ajouter à celle des autres victimes directes de l'incendie. Espérons que de promptes mesures seront prises, pour assurer à tous ces malheureux, le pain quotidien qui leur manque actuellement. Nous avons entendu raconter les soi-disantes précautions prises par le propriétaire de la maison faisant face à celle de M. Machurey, dont elle n'était séparée que par une ruelle fort étroite. Ce propriétaire aurait, d'après les on-dit, creusé en toute hâte dans son jardin, un trou destiné à recevoir des valeurs montant à une somme de 180 à 200 mille francs. Certes, si le fait est exact, nous louons fort le sang froid de cette personne, dont la maison toutefois, a été, en raison de la direction du vent, complètement préservée; mais, nous ajouterons qu'à sa place il nous eût paru infiniment plus simple et plus sur, de conserver ces valeurs-là sur nous-mêmes. Il n'est rien tel que le sentiment de la conservation pour défendre les trésors dont on est porteur, en se défendant soi-même.

L'enlèvement des objets provenant du sauvetage de l'incendie, s'est fait jusqu'à présent, avec ordre et sans donner lieu à contestation entre les divers propriétaires. Pendant toute la journée de mercredi, les pompes alimentées par la troupe de ligne, ont fonctionné pour éteindre l'immense brasier de l'incendie. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une escouade de pompiers avec trois pompes est restée sur le théâtre du sinistre, prête à se porter au secours des baraques préservées, dans le cas où le vent viendrait à chasser de leur côté des flammèches arrachés aux débris sous lesquels le feu couvait encore.

Voici le détail des pertes éprouvées par les divers locataires et sous-locataires :
Premier arrondissement.
MM. Deshayes, boulanger, 1,700 fr., non assuré. —Tréhardy, ébéniste. 10,000 fr., assuré. — Troppése, menuisier, 7,000 fr., assuré. — Guérin, forgeron,14 000 fr., assuré. — Chalenge, propriétaire, 1,000 fr., non assuré. — Dyvrande, marchand de charbon,3 375 fr. assuré. — Ricard, chapelier, 2,000 fr., assuré pour 1,000 fr. —Chevalier, menuisier, 50,000 fr assuré pour 10,000. — Legras, menuisier, 8,000 fr ' assuré pour 6,000 fr.— Faucon, menuisier, 1,200 fr non assuré. — Vauquelin. plâtrier, 500 fr., non assuré. — Marie, menuisier, 5,000 fr., assuré . — Lehéricy, tonnellier, 3,700 fr., assuré. - Godillon, coquetier, 2,000 fr., non assuré . — Leroux, marchand de chiffons, 40,000 fr., assuré pour 26,500 fr — Ozanne, faïencier, 1,500 fr., non assuré. Mairiel (écuries), 1,000 fr., non assuré. — Pringault, rue St-Laurent, 2,000 fr., non assuré. — Jouet, ébéniste 40 fr., non assuré.—Martine, boucher, 120 fr., non assuré.—Trouvé, confiseur, 120 fr., non assuré —Marie-Douville, peintre, 60 fr., non assuré—Collette (Aude), loueur de voitures, 8,000 fr., non assuré —Pagny, imprimeur, 10 fr., non assuré. — Vessin, marchand de meubles, 60 fr., non assuré. — Moutier, boulanger, 1500 fr,, assuré pour 750 fr. — Leneveu, marchand de meubles, 2000 fr„, assuré pour 1009 fr. —Leprovost, coquetier, 1,000 fr.,non assuré.—Lalier, charron, 3.000 fr.. non assuré.

Deuxième arrondissement.
Bonvalet, forgeron, 1,800 fr., assuré.-Huet, sculpteur, 600 fr., non assuré. - Laurent, loueur de voitures
12,000 fr., non assuré. — Lepelletier, rue de Vaucelles, 1,500 fr., assuré. Menager, propriétaire, 700 fr.. non assuré.—Huet, carrossier ,2000 f.assuré.— Delasalle, carrossier, 10,000 fr., non assuré. — Blin, boulanger, 850 fr., non assuré. — Hérinq, aubergiste, 800 fr., non assuré. - Laugeois, marchand de tombeaux, 10,000 fr., assuré pour 600 fr.—Chauvin, marchand fripier, 200 fr., non assuré. — Rouland, cafetier, 5,000 fr. non assuré. — Delivet, boulanger, 1,000 fr. non assuré.

Troisième Arrondissement.
Guilbert,banquier, 1,000 fr., assuré. — Lentin, ébéniste, 15,000 tr., assuré pour 12,000 fr. — Fourchet,
boulanger, 800 fr., no n assuré. — Foucher, boucher, 500 fr., no n assuré. — Labbé, marchand ambulant, 300 fr., non assuré. Courtois, boucher, 9,000 fr., assuré pour 5,800 fr. — Mouchel, quincailler, 1000 fr., assuré. — Tilard, boucher, 350 fr., assuré — Daboisseau, menuisier, 1,200 fr., non assuré _ Bernard, coquetier, 300 fr., no n assuré. — Caulel, boulanger, 900 fr., non assuré.

Quatrième arrondissement.
MM. Machurey, peintre en voilures, 25.000 fr., assuré. — Pitel, propriétaire 65,000 fr., assuré. — Lefèvre
propriétaire, 12,000 fr., assuré.— Lemardeley, 2,000'fr., assuré - Gardin, 7,500 fr, dont 6,000 fr., assurés. — Chanu, refendeur, 1.400 fr., non assuré. —Veuve Elie, journalière. 116 fr., non assurée.— Guillemette, refendeur, 300 fr., non assuré — Marie, id., 300 fr.,non assuré. — Leprost, id., 300 fr., non assuré, — Verel, marchand, 3,000 fr., non assuré._ V. Vaujou, 800 fr., non assuré.—Paulmier, loueur de voitures, 900 fr. non assuré. — Pelletier, débitant, 25 fr. non assuré.

Voici en résumé , d'après le tableau qui précède le chiffre des perles éprouvées :
1er arrondissement. . . . 154,000 fr.
2e ... . 38,050
3e ... . 29,180
4e ... . 8,041
Soit un total qui n'atteint pas à 300,000 fr.
Bien que beaucoup trop élevé encore, il y a loin cependant, comme on le voit, de ce chiffre à celui d'un million dont des confrères mal informés avaient entretenu leurs lecteurs


Le Bonhomme normand, numéro du 24 novembre 1866

Nous terminions dans notre dernier numéro, la relation de l'incendie des Chantiers du Fort, par la liste des victimes de ce sinistre, avec le chiffre des pertes approximatives éprouvées par nos concitoyens.
Nous avons reçu cette semaine, de l'un de nos abonnés, une rectification à laquelle nous croyons devoir donner place.
Notre correspondant affirme que les pertes attribuées à quelques refendeurs, n'ont pas exclusivement atteint ces commerçants. Une partie de ces pertes était représentée, il est vrai, dans leur chantier, par leurs outils; mais l'autre partie appartenait à des menuisiers qui avaient apporté, dans ce chantier, des bois à refendre.
La plupart de ces braves gens, dont le capital est minime, ont été très-sérieusement lésés dans cette circonstance, plusieurs même sont ruinés totalement. S'il y a quelque soulagement à apporter aux victimes, ne serait-il pas juste de comprendre ces pauvres ouvriers dans une répartition des secours et des indemnités ?
Telle est la conviction de'notre correspondant, et tous nos lecteurs la partageront.
C'est surtout aux prolétaires et aux déshérités de la fortune qu'appartiennent de droit les sympathies et l'intérêt des cœurs désintéressés et généreux.

A la liste que nous avons publiée dans notre dernier numéro, des pertes causées par l'incendie des chantiers du Fort, nous devons ajouter les noms suivants :
MM. Rivière, menuisier, rue du Moulin, 3,000 fr. (non assuré).-Péan; boulanger, rue de l'Impératrice 3,000 fr. (assuré pour la moitié).—Berthout, coquetier, rue de l'Impératrice, 50 fr. (assuré).—Marie, coquetier, rue des Jacobins, 2,500 fr. (assuré).— Rover, charron, rue Pailleuse, 2,000 Ir. (non assuré).—Lesage, charpentier, rue Ecuyère, 3,200 fr. (non assuré).—Graverend, brocanteur, rue Basse, 600 fr. (non assuré).—Lengronne, cafetier, sur le Fort, 500 fr. (non assuré).—Georges Martin, propriétaire, rue de Vaucelles, 2,400 fr. (non assuré). — Fontaine, peintre, rue Montoir-Poissonnerie, 500 fr, (non assuré).
Nous rectifions maintenant quelques erreurs qui se sont glissées dans notre compte rendu du sinistre :
M. Bonvalet, carrossier, rue des Jacobins, a été porté à tort pour une somme de 1,800 fr. La perte réelle a été de 5,500 fr.
M. Pitel, propriétaire a été porté à 65,000 fr.; il y a un zéro de trop. C'est 6.500 qu'il faut lire.
Le nombre des voitures brûlées au préjudice de M. Aude est de cinq et non de huit, comme nous l'avons indiqué
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Benoît Hinard
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Re: L'incendie des chantiers du fort (1866)

Message non lu par Benoît Hinard »

malheureusement ce ne sera pas le dernier incendie dans cette zone mais c'est sûrement le plus destructeur.
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