L'ancien hôtel de ville
Crédits : Cadomus -CIREVE
Présentation générale
L’ancien hôtel de ville de Caen était un bâtiment dont les étapes de construction s’étalent de la fin du 17e siècle siècle à la fin du 19e siècle.
L’administration municipale n’a pas toujours occupée les murs de cet édifice détruit en 1944. Avant la Révolution, elle tient séance dans l’actuel hôtel d’Escoville. Le bâtiment en fond de place de la République est alors un établissement religieux : le séminaire des Eudistes. En 1658, l’évêque de Bayeux cède à Jean Eudes un terrain à l’ouest de la place Royale nouvellement créée sur une extension de la Prairie, les Petit-Près (actuelle place de la République).
Au centre (38) site de l’actuel place de la République avant son urbanisation.
Crédits : collection VB, Victor Benhaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
Le prêtre y édifie une église, dédiée aux Très-Saints-Cœurs de Jésus et Marie, et un séminaire. La première pierre de l’église est posée le 20 mai 1664, la consécration est ordonnée le 23 novembre 1687. Le séminaire démarre plus tardivement : le 1er septembre 1691. Il se termine en février 1703.
L’épisode révolutionnaire voit les biens du clergé confisqués ainsi que la disparition des ordres religieux. Le séminaire des Eudiste n’échappe pas à ces spoliations : les religieux sont expulsés et le transfert de la municipalité de l’hôtel d’Escoville vers l’ancien séminaire est décidé. La première assemblée municipale se tient en 1792, il en sera ainsi jusqu’en 1944.
Fort d’une vaste emprise foncière, le bâtiment abritait également le musée des beaux-arts, la bibliothèque municipale, les archives municipales, le commissariat ainsi que l’hôtel des postes et des télégraphes jusqu’en 1932.
Du séminaire des Eudistes à l’hôtel de ville
La façade de l’ancien hôtel de ville était l’élément le plus photographié. Il illustre les parties les plus nobles et les plus anciennes de l’édifice.
L’ancienne église, du même siècle que Notre-Dame-de-la-Gloriette, présente comme sa consœur une façade baroque, les deux seules de la ville avant les bombardements de 1944.
Façade principale de l’hôtel de ville.
Crédits : collection Pigache
En 1809, l’église est coupée en deux sur sa hauteur. Le niveau supérieur est occupé par la bibliothèque municipale, le niveau inférieur est destiné aux fêtes et autres grands événements.
Ancienne bibliothèque municipale.
Crédits : collection VB, Victor Benhaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
Ancienne salle des fêtes.
Crédits : droits réservés
De 1691 à 1703, une grande aile est édifiée : elle part de l’église jusqu’à la limite de l’actuelle rue Auber. Après la révolution, la salle des mariages et la salle du conseil municipal vont occuper cette aile jusqu’en 1944.
De l’autre côté de l’église, une aile plus petite, le petit séminaire, est construite à partir de 1741. Les services de la ville occuperont les murs en 1792.
Cour du musée
Au cours du 18e siècle, l’aile proche de la rue Auber est agrandie jusqu’à la rue Saint-Laurent dessinant ainsi les contours d’une future cour. Cette extension permet en 1809 au musée des beaux-arts d’occuper le premier étage et le rez-de-chaussée d’accueillir l’école municipale de dessin.
À gauche : aile du musée des beaux-arts.
Crédits : collection VB, Victor Benhaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
C’est également au cours de ce siècle qu’un pavillon transversal est élevé entre la partie centrale de l’aile et la rue Auber.
De profondes modifications entamées dans la moitié du 19e siècle vont remodeler la cour de l’hôtel de ville. De 1858 à 1859, Émile Guy et l’architecte caennais Gustave Auvray prolongent le corps central de l’église jusqu’à la rue Saint-Laurent permettant ainsi la levée d’une nouvelle aile parallèle à celle édifiée au 18e siècle de l’autre côté de la cour. À cette occasion le transept sud de l’église est repris et façonné selon le goût éclectique de l’époque.
L’extension du corps central autorise l’édification un pavillon jumeau au transept de l’ancienne église et l’affectation de nouveaux services : la bibliothèque s’étend sur tout le premier étage. Au rez-de-chaussée, une nouvelle salle de réunion devient possible.
Nouvelle aile construite en 1858-1859.
Crédits : droits réservés
La cour sera progressivement agrémentée de sculptures. Le Centaure et Bacchante d’Arthur le Duc est installé à proximité du musée des beaux-arts en 1879. Mutilé durant les bombardements, l’ensemble est toujours visible dans les jardins du Mémorial.
Centaure et Bacchante.
Crédits : collection Pigache
En 1933, le monument en hommage à Gabriel Dupont est disposé parallèlement à l’aile nord de la cour.
Mémorial Gabriel Dupont.
Crédits : droits réservés
La rue Saint-Laurent
De 1860 à 1861, Gustave Auvray fait construire une nouvelle aile sur la rue Saint-Laurent. Cette aile a pour conséquence de fermer la cour d’honneur et d’offrir de nouvelles possibilités d’aménagement. La justice de paix et le conservatoire vont occuper les salles du rez-de-chaussée. Aux étages supérieurs, les nouveaux espaces vont permettre au musée des beaux-arts et à la collection Mancel de s’étendre.
Aile de la rue Saint-Laurent.
Crédits : droits réservés
La rue Jean-Eudes
Entre 1881 et 1883 une aile est construite dans le prolongement de l’ancien petit séminaire afin d’accueillir les services des Postes et des Télégraphes. L’aile nouvellement élevée va dessiner à son tour une cour secondaire : la cour du petit séminaire.
Les services postaux vont occuper l’aile jusqu’en 1932, date à laquelle on décide de les transférer dans la toute nouvelle poste édifiée par Pierre Chirol sur la place Gambetta.
Cette aile ne va pas rester vacante pour autant, les services municipaux auront tôt fait de réinvestir les lieux.
Aile de la rue Jean Eudes.
Crédits : collection Pigache
Notons également que la cour du petit séminaire accueille jusqu’en 1927 le dépôt des pompes à incendie.