Cadomus veut faire renaître le Caen de 1936
Restitution en 3D de la gendarmerie de Caen avant-guerre par Cadomus
Faire entrer le Caen d’avant-guerre dans le XXIe siècle grâce aux nouvelles technologies, c’est le projet de Cadomus, une association créée par des Caennais passionnés par leur ville et l’histoire. Ils veulent faire renaître la ville détruite.
Cadomus, c’est l’association qui porte le projet de restituer numériquement le Caen d’avant-guerre grâce à une maquette virtuelle en 3D. Les bénévoles de l’association ont choisi de mettre au service d’hier des outils d’aujourd’hui et de demain. Depuis un an, ils récoltent des cartes postales, des photos, des vues aériennes de la Royal Air Force, acquises auprès des archives écossaises… Les informations provenant des documents et des illustrations sont croisées et vérifiées pour parvenir à la réalité, celle de 1936 à Caen. «Avec ses 22 hectares et 9000 bâtiments restitués, ce sera le projet le plus exhaustif jamais réalisé. » Un travail de fourmis pour une poignée de bénévoles parmi lesquels Benoît Hinard, historien, et Michaël Biabaud, géographe.
Réalité virtuelle augmentée
Les Caennais travaillent avec le CIREVE, un plateau technique de l’université à qui l’on doit déjà la restitution de la Rome antique. Sa mission: la réalité virtuelle. Mais aussi avec Datexim, spécialisée dans le traitement et l’analyse d’images, vidéos et objets en 3D. L’objectif de ce projet atypique est de permettre à des Caennais et des touristes de se promener en ville avec une tablette ou un smartphone et en scannant un lieu d’être renvoyés à ce qu’il a été en 1936, avant la guerre. La visite pourra aussi se faire depuis votre domicile.
Pour restituer les hôtels particuliers, bâtiments, monuments… Benoît et Michaël travaillent avec un parcellaire de l’époque. À chaque site répertorié, des photos et des informations historiques. Le fonds commence à être bien rempli, Cadomus est maintenant à la recherche de documents plus rares.
La numérisation devrait démarrer en janvier 2014 et la visite commencera par l’emblématique place de la République où était situé l’ancien Hôtel-de-Ville.
L’ancien Hôtel-de-Ville était situé sur la place de la République (collection Gérard Pigache)
Interview…
Benoît Hinard et Michaël Biabaud, historien et géographe membres de Cadomus
Comment est né le projet ?
Sur un forum du SMC ! On avait mis des cartes postales anciennes de la ville dans le cadre d’un jeu. Rapidement, les contributeurs échangent sur la ville et l’urbanisme. Et le projet naît pendant l’été 2012, avec des Caennais qui aiment leur cité.
Pourquoi avoir choisi 1936 ?
Parce que c’est le dernier trajet du tramway, à Caen.
Caen avant, c’était comment ?
C’était une ville pittoresque et un musée à ciel ouvert, mais aussi l’une des villes les plus insalubres et surpeuplées.
La RN 13 passait dans le centre…
Les parcellaires de l’époque nous ont permis de comprendre l’organisation de la ville. On voit que la RN 13 passait dans la rue d’Auge, la rue Écuyère, la rue Guillaume… On sait aussi que dans les années 30, des géomètres urbanistes, les frères Danger, pensaient à désengorger le centre-ville en créant une voie parallèle à la rue Saint-Jean. (Ndlr : elle suivait le tracé de l’actuelle rue du 6-Juin). À l’époque on parle aussi d’une voie périphérique.
Pourquoi y a-t-il autant de photos de Caen ?
Parce que Caen a été une ville de garnison et donc une des villes les plus photographiées. Mais il y a beaucoup de photos datant de 1910 à 1926, moins de 1936.
Une anecdote insolite ?
Napoléon Ier est arrivé, à Caen, le 22 mai 1811 au soir avec l’impératrice Marie-Louise. Ils ont séjourné rue Guilbert dans les hôtels Hautefeuille et Dufresne établis aux 15 et 17 de la voie. Ils repartent le 25 mai pour Cherbourg afin de visiter les installations militaires du port.
Avis aux amateurs……
Cadomus a encore besoin de vous
Pour être en mesure de faire aboutir le projet, Cadomus a besoin de soutiens financiers et des compétences de tous.
Nous avons beaucoup travaillé depuis un an, et le projet arrive à maturité. Pour que notre idée ne reste pas à l’étape de projet, nous avons besoin de soutiens. » De soutiens financiers tout d’abord, précise Aurélien Léger, le président de Cadomus, «car il nous faudra financer nos prestataires en charge de la modélisation et du développement de l’application », entreprises dans le cadre du mécénat ou particuliers en adhérant à l’association, par exemple.
Rendez-vous sur Ulule
Cette semaine, une page a été ouverte sur le site de crowdfunding ou financement participatif, Ulule. «Toutes les compétences sont aussi les bienvenues, mais en particuliers des compétences de webmaster, infographiste, community manager, expert en 3D, communication, historien, géographe, urbaniste, architecte, comptable……»
Plus d’infos sur internet sur la page « ulule » de « caenavantguerre ».
Marjorie JANETAUD