La rue et la place de l'Ancienne Comédie
La rue de l’Ancienne Comédie ainsi que la place qu’elle traversait sont ouvertes à la fin du 18e siècle entre la rue des Jacobins et le champ de foire. Le nom de la place est directement lié au premier théâtre de Caen, construit de 1764 à 1765 sur le terrain du Petit Carolus. Ce théâtre, remplacé par un nouveau établissement en 1838 (voir l’article sur la place du Théâtre), est transformé en entrepôt de tabacs.
La rue et la place sur le cadastre de 1817.
Dans les années 1830, la rue est prolongée vers la rue Saint-Jean par la rue Jean Romain percée par le comte d’Osseville à l’emplacement de l’ancien hôtel Faudoas.
L’ancienne comédie, transformée en entrepôt de tabacs
Crédits : Médiathèque de l’architecture et du patrimoine
Au sud, entre la place et le canal Robert, la place est bordée d’immeubles à l’architecture classique dont les plus anciens remontent au 18e siècle. Une construction se démarquait des autres : un café construit en 1803 à pavillon chinois, unique à Caen et qui a fait le bonheur des photographes.
La place de l’Ancienne Comédie et son immeuble à pavillon chinois.
Crédits : collection George Pigache
De l’autre côté de la place, ouvre en 1832 un hôtel restaurant dans l’élégante maison de M. Maubant. L’hôtel, connu sous le nom d’hôtel Belleville, a par chance échappé aux bombardements de 1944 et occupe donc toujours l’angle de l’ancienne place avec l’actuelle rue Mélingue.
L’hôtel Belleville.
Crédits : Cadomus – Michaël Biabaud
L’aile de l’immeuble donnant sur l’impasse de l’Ancienne Comédie (anciennement rue de l’Ancienne Comédie) est avant-guerre très précisément en vis-à-vis de l’Ancienne Comédie, le premier théâtre de la ville évoqué en début d’article.
Après le transfert de la foire sur le Grand Cours (actuel cours Kœnig), les loges construites au 17e siècle se dégradent. Le secteur, décrit comme un « cloaque hideux » est parcouru par quelques cabarets de sinistre réputation. Dans les années 1860, François-Gabriel Bertrand fait raser ce quartier devenu insalubre et un nouveau quartier, à destination de la petite bourgeoisie de la ville, est créé. Le côté nord de la place est doté de construction moderne et la rue de l’Ancienne Comédie est prolongée jusqu’à la rue Daniel-Huet nouvellement créé.
En 1874, l’hôtel des Croisiers est construit en 1874 à l’angle de la rue de la Comédie et de la rue Sadi-Carnot.
L’hôtel des Croisiers en 2008.
Crédits : Wikimedia Commons
En 1944, le secteur est durement touché par les bombardements de 1944. Toute la partie est et sud de la place et de rue est détruite. Après guerre, le temple protestant est construit à cet emplacement.
Il est toutefois possible de trouver de nombreux vestiges de la rue et de la place. Côté est, la rue devient une impasse et seul subsiste l’hôtel Belleville. Côté ouest, la rue est renommée rue du Docteur Le Rasle, mais les immeubles des années 1860-1870 existent toujours (dont l’hôtel des Croisiers). Les curieux remarqueront également que le portail et le mur du n°12 de la place ont échappé aux remaniements urbains des années 1950 et 1960.
Ancien portail du n°12 place de l’Ancienne Comédie.
Crédits : Cadomus – Michaël Biabaud