C'était Caen. Les premiers pas du grand écran à Caen
En haut, l’hôtel de Blangy entouré en rouge, et le cinéma Gaumont entouré en bleu. Crédits DR
En bas, Le Select après les bombardements en 1944. Crédits Archives municipales de Caen, fonds Delassalle
C’était Caen. Le 24 décembre 1912, la salle Gaumont ouvre ses portes, rue de l’Engannerie. La salle de cinéma et de spectacle baissera ses rideaux dans les années 1960.
Trois ans après l’installation du premier cinéma à Caen, l’Omnia, c’est une nouvelle salle qui voit le jour le 24 décembre 1912. Située entre le 20, rue de l’Engannerie, et le 25, rue Guilbert, cette salle devient, en 1912, une salle de spectacle, sous le nom de cinéma Gaumont.
Dans Les Débuts du cinéma dans le Calvados, Véronique Lesbaudits explique : « La salle ne sert pas exclusivement au cinéma. Elle peut être louée pour des concerts, des conférences, des ventes de charité. »
Équipé de fauteuils de la maison Pardon de Paris, le cinéma Gaumont faisait partie d’un circuit havrais, administré par Robert Lebeaud. À sa mort, en 1923, sa femme Fanny prendra la suite.
« Sa publicité est plus accrocheuse que celle de l’Omnia, raconte Véronique Lesbaudits. La direction ne se contente pas de faire passer les programmes dans la presse, ils y sont racontés. Détail amusant, mode publicitaire aujourd’hui disparu, la poésie est utilisée pour vanter les mérites de cette salle. »
Et le rideau sur l’écran est tombé
Trois ans plus tard, en 1916, le circuit havrais est dissous. Le Gaumont est alors renommé Le Sélect.
Pendant la guerre, en 1944, la salle de cinéma sera partiellement touchée par les bombes. Au début des années 1950, pour les besoins de la Reconstruction, elle sera finalement rasée. « Le Select sera détruit, non par les bombardements, mais parce qu’il gênait les plans des artisans de la reconstruction de la ville, raconte Serge David dans Des Cinémas dans la ville. Il sera rebâti pour mieux s’intégrer au paysage de la nouvelle grande artère. » L’entrée du cinéma se fera désormais près du 19, avenue du 6-Juin. À la fin des années 1950, une nouvelle salle s’installe en face du Select, Le Paris.
Dans les années 1960, le Select n’échappe pas au phénomène de baisse de la fréquentation. La salle est contrainte de fermer ses portes et, comme le chantait Eddy Mitchell dans La Dernière séance : « Je connais le destin d’un cinéma de quartier. Il finira en garage. » C’est ce qu’il adviendra de la salle pendant quelques années, jusqu’à ce que le garage automobile ferme aussi ses portes. Aujourd’hui, le bâtiment, encore en place, est une des coquilles vides de la ville.
Cette rubrique est réalisée avec l’aide de Cadomus, une association qui a entrepris de reconstituer le Caen d’avant-guerre en 3D. Nous portons notre regard sur le passé et plus particulièrement sur la date anniversaire d’un événement, tirée de la semaine.
Marie-Madeleine REMOLEUR