C'était Caen. Il y a 55 ans, première pierre de l'usine Bosch
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Les ateliers de la société normande de fabrications électroniques dans les années 60.
Extrait de « Caen 68 » de Jean Quellien et Serge David.
C’était Caen. À l’époque, il s’agissait de la Société normande de fabrication électronique. Le 22 novembre 1961 commence une histoire industrielle marquante pour l’agglomération.
C’est à la fois un événement marquant dans l’histoire industrielle de l’agglomération caennaise et une illustration de l’explosion de la consommation de masse de produits électroniques qui allaient marquer, à jamais, le quotidien des Français.
Le 22 novembre 1961, Raymond Barre, alors directeur du cabinet du ministre de l’Industrie, inaugure à Mondeville la toute nouvelle usine Sonormel : la Société normande de fabrication électronique, d’où sortiront, dans un premier temps, des téléviseurs noir et blanc de marque Grammont, Sonneclair…
« Comment faire face au développement du marché de la télévision avec des moyens de production limités en région parisienne ? C’est de ce dilemme qu’est née l’usine décentralisée de la Sonormel, rappelle l’historien Alain Leménorel. Portée par trois actionnaires principaux, les sociétés Ribet-Desjardins, Sonneclair et Grammont, et développée en trois temps (1961, 1964, 1966), elle est l’exemple même de l’usine de montage rationalisée au maximum. »
« Usine à femmes »
Une usine dont les ouvriers seront parmi les plus prompts à manifester en mai 1968 (ils sont environ 400 à cette époque). Et cela s’explique par l’âge du personnel et leurs conditions d’embauche. « Au milieu des années 60, la moyenne d’âge des ouvriers de la Saviem est de 26 ans », rappelle l’historien caennais Jean Quellien (2). Et « si la SMN, la Saviem ou Citroën emploient essentiellement des hommes, la Sonormel, Jaeger et Moulinex, en revanche, ont un personnel (à l’exception de l’encadrement) presque exclusivement féminin. On parle à l’époque des usines à femmes. » Souvent employées sous le statut d’ouvriers spécialisés, dits « OS », qui représenteront entre 75 % et 85 % des effectifs à la Sonormel.
Thomson va investir dans l’usine avant que le site ne passe, en 1973, sous la direction de Blaupunkt, filiale autoradio de Bosch. En 1990, l’activité se redéploie et se spécialise dans la fabrication d’équipements automobiles.
Depuis, le site de Mondeville fournit quasiment tous les constructeurs automobiles (lève-vitres, éclairage au xénon, commandes de toit, etc.), s’est lancé dans le vélo électrique, et développe, depuis moins de deux ans, une activité de conception d’éléments électroniques pour les intégrer dans des objets connectés.
(1) « 68 à Caen », Cahiers du Temps, 2008
(2) Caen 68, de Jean Quellien et Serge David, Éditions du Bout du Monde.
Rubrique proposée avec Cadomus, l’association qui a entrepris de reconstituer le Caen d’avant-guerre en 3D.
Pascal SIMON