Cadomus a découvert un nouveau trésor
L’association de passionnés d’histoire de Caen (Calvados) et de son patrimoine, poursuit ses recherches sur le passé de la ville. Ils viennent d’acquérir un lot de plaques de verre en couleurs : de rares documents sur la cité avant sa destruction.
Aurélien Léger, président de Cadomus, examine le contenu des six boîtes de plaques de verre, en présence de Michaël Biabaud, spécialiste photos de l’association. | OUEST-FRANCE
« Parfois on se dit qu’on a déjà tout trouvé… Eh bien non, il existe encore des choses incroyables ! » Aurélien Léger et Michaël Biabaud, respectivement président et membre fondateur de l’association Cadomus, viennent de mettre la main sur quelques nouvelles pépites : des images en couleurs du Caen d’avant la Seconde Guerre mondiale. Des documents précieux pour ces passionnés d’histoire, dont la vocation première est de reconstituer en 3D la totalité de la cité avant les destructions provoquées par les bombardements de la Libération.
« C’est grâce à l’un des conservateurs du musée des Beaux-Arts de Caen que nous avons été alertés, explique le président. Il a remarqué sur un site d’enchères en ligne, un lot de plaques de verre mis en vente par un commissaire-priseur à Tarbes ». Le descriptif du lot évoquait pourtant des clichés de Caen « et ses environs » entre 1912 et 1938. « Ce sont des plaques de verre assez rares, précise Michaël Biabaud, spécialiste photos de l’association, même si on imagine qu’il y en a quelque part en Allemagne, ramenées par l’occupant à la fin de la guerre… »
La place de la République en couleurs avant la Seconde Guerre mondiale. | CADOMUS
Aurélien Léger a donc décidé de participer à la vente en direct, et s’est étonnamment retrouvé en concurrence. « Mais je n’ai pas voulu lâcher, il était hors de question que ces plaques partent ailleurs qu’à Caen. Cela entre dans notre démarche de « passeurs » d’histoire, car l’objectif est de pouvoir rendre publics ces documents ». À l’issue d’une âpre bataille d’enchères téléphoniques, le président de Cadomus l’a finalement emporté, « pour un montant d’un peu plus de 1 000 €, financé grâce aux dons que nous récoltons via notre site internet ».
Un panorama de Caen depuis les hauteurs de la rive droite. | CADOMUS
L’association vient de recevoir son acquisition : six petites boîtes rectangulaires, abritant chacune jusqu’à une dizaine de plaques de verre présentant deux vues quasiment identiques. « Avec un appareil de visionnage stéréoscopique, on obtient une image en relief ». Une feuille en papier bien pliée accompagne chaque lot de plaques : la notice écrite à la main et à l’encre récapitule le procédé technique utilisé, le numéro de la vue et surtout son descriptif. « Caen : le Grand cours », « Caen : la place de la République » ou « Caen : mes tulipes… ». Et puis entre des vues d’Argentan ou du Havre, surgit un nom : Leguay.
Qui a pris ces clichés ?
Une nouvelle enquête démarre pour les membres de Cadomus, qui recoupent leurs infos à l’aide notamment de deux « bibles » : Les 50 000 adresses du Calvados, sorte d’annuaire des propriétés depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et les dossiers de dommages de guerre.
Le Grand cours, aujourd’hui cours Koenig. | CADOMUS
« Nous allons essayer de retrouver l’auteur de ces prises de vues ». A priori, ce photographe amateur était installé rive droite si l’on en croit une prise de vue depuis sa fenêtre, « qui dévoile un rare panorama de la ville avant-guerre ». D’ores et déjà, Michaël Biabaud a repéré un petit trésor : « Un buste du poète Charles Lemaître, dans le jardin des plantes : nous n’avons qu’un seul cliché en noir et blanc. »
Le buste de Charles Lemaître au jardin des plantes. | CADOMUS
Ces documents doivent maintenant être numérisés et surtout stockés dans de bonnes conditions de conservation. « Dès que nous le pourrons, promet le président, nous organiserons une présentation publique de ces nouvelles acquisitions. »
Nathalie LECORNU-BAERT
pour Ouest-France