Le Caen d’avant-guerre entre dans le XXIe siècle

Sept Caennais passionnés par l’histoire de leur ville se lancent avec « Cadomus » dans un projet ambitieux et participatif : recréer au détail près le Caen de 1937 en 3D.

L’initiative

Michaël Biabaud, géographe, et Benoît Hinard, historien, membres de l’association Cadomus.

La rue Saint-Jean sera la première rue à être reproduite.

Près de 70 % de Caen fut détruit par les bombardements de 1944. Ces rues et ces bâtiments disparus refont surface grâce à la 3D et au projet ambitieux de l’association « Cadomus », un groupe de jeunes Caennais, historien, géographe, géomaticiens ou agent de musée.

« Nous connaissons la ville par cœur », raconte Michaël Biabaud. Ce géographe de 35 ans s’est lancé dans ce projet en juin dernier, avec six camarades férus d’histoire. Le petit groupe va recréer le Caen d’avant-guerre virtuellement, en troisième dimension. Les utilisateurs pourront flâner gratuitement dans les rues, entourées des bâtiments modélisés au détail près.

Un projet scientifique et rigoureux

« Les villes développent la 3D, mais ce sont souvent des activités gadget, sur de l’existant. Nous développons un projet plus historique, à la fois scientifique et pédagogique », explique Michaël Biabaud. Pour amorcer une reproduction la plus rigoureuse possible, l’association a collecté 8 000 cartes postales d’époque et le parcellaire de la ville, datant de 1946.

L’association fournit ses documents à l’équipe de recherche sur les littératures, les imaginaires et les sociétés (Ersam) de l’Université de Caen, chargée de la partie technique et de la mise en image numérique. Les premières vues seront à découvrir en septembre.

« Nous commencerons par la place de la République, avec l’ancien hôtel de ville. Puis nous grignoterons quartier par quartier », décrit Aurélien Léger, 29 ans, président de Cadomus. Au total, cinq années seront nécessaires pour recréer l’ensemble de la ville. 35 000 à 40 000 euros par an devront être déboursées par l’association, toujours à la recherche de financements.

En quête de photos rares

Cadomus fait appel aux Caennais dans sa chasse au souvenir. « Nous recherchons des clichés de particuliers et des plaques de verres représentant les rues et les bâtiments de Caen, ainsi que des cartes photos, explique Aurélien Léger. Ce sont des photos tirées à très peu d’exemplaires et vendues comme des cartes postales. Elles sont rares et montrent des vues souvent inédites. »

L’association en est à ses prémices. Les adhésions ouvriront bientôt et le site internet est en construction. Cadomus fait déjà parler sur Facebook. La page de l’association sur le réseau social a conquis près de 250 fans en un mois. Tous les deux jours, à 21 h, Cadomus propose un quiz aux internautes, invités à reconnaitre le lieu caennais immortalisé sur un vieux cliché. Un jeu historique, mais pas nostalgique.

L’ancienne université qui se situait derrière la place Saint-Sauveur en photo et sa reconstitution en 3D.

Fanette BON