Les places du Marché au Bois et du Château
Ces deux anciennes places précédaient le château depuis la place Saint-Pierre. Elles étaient intimement liées et séparées par une voie appelée « rampe du château ». L’ensemble du secteur est détruit pendant la bataille de Caen en 1944. Les éléments restant debout sont détruits lors de la reconstruction et le terrain reste non bâti, afin d’ouvrir les vues sur le château.
Situation des places avant-guerre.
La rampe du Château.
Crédits : collection Georges Pigache
La place du Marché au Bois
La place du Marché au Bois était située avant-guerre sur les pentes douces qui mènent aujourd’hui à la forteresse.
Cette place semble relativement ancienne. Elle est en effet attestée à la fin du 12e siècle en relation avec les rues de la Cuisinerie (partie nord de l’actuelle place Saint-Pierre) et Montoir du Château. Le siège d’une guilde marchande a pu être élevé sur site, une halle au pain sans doute et peut-être aussi une halle aux poissons. La place prend au 16e siècle le nom de Marché Neuf puis de Marché au Bois.
La place du Marché au Bois en 1889.
Crédits : musée de Normandie
Modeste par sa dimension, le site était occupé par quelques adresses reconnues. Deux hôtels tout d’abord : l’hôtel Parisien qui occupait les n°13, 15 et 17 de la place et l’hôtel du Centre et de la Victoire, le plus couru des deux. L’établissement, attesté dès le 15e siècle, a sans doute servi de caserne temporaire au 18e siècle pour les troupes de passage en ville. Il est aussi un temps la poste aux chevaux avant que cette dernière ne migre en 1848 rue Saint-Jean.
L’hôtel Parisien.
Crédits : collection Georges Pigache
L’hôtel du Centre et de la Victoire.
Crédits : collection Aurélien Léger
De l’autre côté de la place, l’hôtel Blouet de Camilly, inscrit au monuments historiques en 1929, présentait un porche en accolade datant du 15e siècle.
Hôtel Blouet de Camilly, entrée du 15e siècle.
Crédits : Archives du Calvados, fonds Ymouville – 54fi_305
La place du Château
Au dessus de la place du Marché-au-Bois, une rue en pente, dite rampe ou montoir du Château, mène à la place du même nom.
Avant le début du 20e siècle, la place du Château, qui se trouve devant la barbacane de la porte Saint-Pierre, est densément lotie. Les habitations, dont certaines sont en pans de bois, sont très modestes et logent une population qui ne l’est pas moins. Dans les années 1890, un premier projet d’aménagement est présenté.
La place du Château avant alignement.
Crédits : collection Aurélien Léger
La décision officielle d’aménager la place du château est prise par le conseil municipal le 28 septembre 1906 dans un but « d’hygiène et de moralité publiques ». Le 5 octobre 1907, un décret déclare d’utilité publique l’aménagement du quartier du Château au moyen de l’agrandissement de la place de ce nom. Certains immeubles sont acquis à l’amiable ou par le biais d’expropriation. La ligne d’habitation est ainsi considérablement reculée du fait de la destruction d’une très grande partie des immeubles pairs de la rue du Ham et de la disparition de la rue du Château (qui reliait la rue du Ham à la place du château). En novembre 1908, les travaux de terrassements, de maçonnerie, de pavage et de construction d’un égout sont adjugés. Au centre de la place agrandie, un rond-point est aménagé sur le terre-plein. En mai 1909, le père Mathurin déclare ainsi dans le Journal de Caen:
les ignobles taudis insalubres, qui éloignaient le passant de ce coin très curieux, ont enfin totalement disparu. À leur place, on remarque, après une rampe d’accès assez élégante et très large, de beaux espaces donnant de l’air au Château.
La place du Château après alignement, début des années 1930.
Crédits : collection Georges Pigache
D’un point de vue architectural, seul l’hôtel Callard de la Ducquerie présentait un intérêt certain. Il est édifié par Jean-Baptiste Callard de la Ducquerie, à qui le jardin des plantes de Caen doit beaucoup. Les éléments les plus anciens, donnant sur la rue du Château, dataient du 18e siècle. En 1893, Daniel Danjon, professeur honoraire à la faculté de Droit de l’Université de Caen, fait ajouter par l’architecte Paul Paisant-Duclos une extension néo-gothique, qui donne à l’ensemble des allures de petit château.
L’hôtel Callard de la Ducquerie.
Crédits : collection VB, Victor Benaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
L’édifice est touché en 1944 mais de façon moins dramatique que d’autres grands anciens comme l’hôtel d’Escoville ou l’hôtel de Than. D’autres immeubles, à proximité dont certains protégés et intacts, auraient pu être sauvés également. Il n’en sera rien, la mise en valeur du château aura raison du bâti encore debout dans les années 1950, laissant les pentes douces qui mènent de nos jours à la forteresse comme les uniques témoins de ce qui fut jadis un morceau de la ville grouillant d’activités.
La vue vers la place du Château et l’hôtel Callard de la Ducquerie en 1950.
Crédits : archives municipales de Caen
Dans les années 1980, un parc de stationnement souterrain est construit à l’emplacement de la place du Château. À cette occasion, des fouilles préventives sont menées en 1986-1987. Les fondations des anciennes maisons sont mises au jour et une grande quantité de mobilier est recueillie (céramique usuelle ou ornementale, faïence, verre, monnaies et petit matériel de fer et de bronze), permettant ainsi une meilleure connaissance sur la vie quotidienne caennaise de la fin du Moyen Age et de l’époque moderne.