Les places du Marché-au-Bois et du Château

Ces deux anciennes places, dont il n’en reste absolument aucun vestige, précédaient le château depuis la place Saint-Pierre.
Elles étaient intimement liées et séparées par une voie appelée « rampe du château ».
Situation des places avant-guerre
Rampe du Château. Collection Pigache
La place du Marché-au-Bois sise avant-guerre sur les pentes douces qui mènent aujourd’hui à la forteresse.
Cette place semble relativement ancienne. Une place en relation avec les rues de la Cuisinerie et Montoir-du-Château est attestée à la fin du 12ème siècle. Le siège d’une Guilde marchande a pu être élevé sur site, une halle au pain sans doute et peut-être aussi une halle aux poissons. La place prend au 16ème siècle le nom de Marché Neuf puis de Marché-au-Bois.
Place du Marché-au-Bois, 1889. Musée de Normandie
Modeste par sa dimension, le site était occupé par quelques adresses reconnues. Deux hôtels tout d’abord : l’hôtel Parisien qui occupait les 13, 15 et 17 de la place, et l’hôtel du Centre et de la Victoire, le plus couru des deux. L’établissement, attesté dès le 15ème siècle, a sans doute servi de caserne temporaire au 18ème siècle pour les troupes de passage en ville. Il est aussi un temps la poste aux chevaux avant que cette dernière ne migre en 1848 rue Saint-Jean.
Hôtel Parisien. Collection Pigache
Hôtel du Centre et de la Victoire. Collection Léger
De l’autre côté de la place, l’hôtel Blouet de Camilly, inscrit au Monuments Historiques en 1929, présentait un porche en accolade datant du 15ème siècle.
Hôtel Blouet de Camilly, entrée du 15ème siècle.
Fonds Ymouville, Archives du Calvados – 54fi_305
La place du Château reste avant 1944, davantage une esplanade que l’on traverse pour accéder au château qu’une véritable place. La numérotation des immeubles reste par ailleurs largement indexée sur celle de la rue du Ham.
Avant le 20ème siècle, la place du Château est densément lotie. Les habitations sont très modestes et logent une population qui ne l’est pas moins. A partir des années 1890 s’engage un long processus d’alignement.
Place du Château avant alignement. Collection Léger
Jusqu’au milieu des années 20, la ligne d’habitation va considérablement reculer ce qui entraine la destruction d’une très grande partie des immeubles pairs de la rue du Ham et la disparition de la rue du Château.
Place du Château après alignement, début des années 30. Collection Pigache
D’un point de vue architectural, seul l’hôtel Callard de la Ducquerie présentait un intérêt certain. Situé sur le chemin d’accès qui mène à la barbacane Saint-Pierre, il est édifié par Jean-Baptiste Callard de la Ducquerie, à qui le jardin des plantes de Caen doit beaucoup. L’hôtel particulier avait des allures de petit château. Les éléments les plus anciens, donnant sur la rue du Ham, dataient du 18ème siècle. Du côté du château, une extension néo-gothique est ajoutée au 19ème siècle.
Hôtel Callard de la Ducquerie.
Collection VB, Victor Benaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
L’édifice est touché en 1944 mais de façon moins dramatique que d’autres grands anciens comme l’hôtel d’Escoville ou l’hôtel de Than. D’autres immeubles, à proximité dont certains protégés et intacts, auraient pu être sauvés également. Il n’en sera rien, la mise en valeur du château aura raison du bâti encore debout dans les années 50, laissant les pentes douces qui mènent de nos jours à la forteresse comme les uniques témoins de ce qui fut jadis un morceau de la ville grouillant d’activités.
Vue vers la place du Château, 1950. Archives municipales de Caen