La place du Théâtre
La place depuis le pont Saint-Jacques avant la couverture de la rivière.
Crédits : fonds Victor Benhaïm, avec l’autorisation d’Yves Bénain
La place du Théâtre, telle qu’on la connaît aujourd’hui, date de la reconstruction. Mais son histoire remonte aux 17e et 18e siècles.
Carte du quartier autour de la place du Théâtre en 2020.
Crédits : OpenStreetMap
Après le siège de 1346 par les Anglais, l’île Saint-Jean, très mal protégée, est fortifiée. À l’ouest, la nouvelle muraille longe le couvent des Jacobins, fondé au 13e siècle. Cette enceinte est protégée par un fossé en eau qui relie la Petite-Orne, bras de l’Orne qui traverse la ville, et le canal Robert, canal creusé au début du 12e siècle par le fils de Guillaume le Conquérant, Robert Courteheuse. Ce fossé sépare l’île Saint-Jean de l’île de la Cercle.
Au centre de cette carte, l’île de la Cercle (60) et le couvent des Jacobins (M). En rouge, l’emplacement de la future place.
À partir de 1590, une courtine est construite pour relier, le bastion des Jésuites, vers la porte Saint-Étienne (vers l’église Saint-Étienne-le-Vieux), et le bastion de la Foire, vers le champ de la Cercle (vers l’actuel boulevard Aristide-Briand).
Les terrains situés derrière cet ensemble fortifié sont urbanisés au 17e siècle. En 1595, le champ de la Cercle, qui appartenait au couvent des Jacobins, est racheté par la municipalité pour y installer la foire, fondée un an plus tôt par Henri IV. Entre 1600 et 1635, le terrain est fieffé à des particuliers pour y construire des loges. Se mêlent sur des rues tirées au cordeau un ensemble de bâtiments permanents et de baraques éphémères.
Entre le quadrillage régulier des loges de la foire, la Petite-Orne et le mur des vieilles murailles de l’île Saint-Jean, dont le fossé en eau a été comblé, est conservé un vaste terrain arboré de forme triangulaire, le champ de foire.
Plan Nicolas de Fer en 1705. La muraille des Jacobins est conservée, mais le bras d’eau est comblé.
La destruction des fortifications de la ville commence à la fin du 17e siècle. La porte des Jacobins, qui se trouvait au niveau de la pointe nord-est de la place, est détruite vers 1670 afin de percer la rue de Bernières. Plus au sud, la rue Marthe-Le-Rochois est alors aménagée devant le couvent des Jacobins, détruit pendant la Révolution.
Cadastre de 1817. À gauche, la place du Champ de foire ; en bas, les loges de la foire ; en haut, l’ancien couvent des Jacobins.
Le 23 avril 1838, est inauguré sur ce terrain le nouveau théâtre de Caen, construit par l’architecte de la ville, Émile Guy. Ce bâtiment rectangulaire, de 43 mètres de longueur sur 22 mètres de large, est implanté parallèlement à la rivière. La place, désormais appelée place du Théâtre, forme toujours un triangle, mais beaucoup plus réduit.
Le plan Desprez vers 1838, après la construction du théâtre. La place au sud du Théâtre est supprimée lorsque la rue Marthe Le Rochois est redressée en 1860.
Crédits : Gallica
La place du théâtre et la Grande Noë avant son recouvrement.
Crédits : Archives du Calvados – 2fi_841
En 1860, la rivière est couverte. Le pont Saint-Jacques, qui permettait l’accès à la place depuis la place Royale (actuelle place de la République) est alors détruit. Le boulevard du Théâtre et, dans sa continuité, le boulevard Saint-Pierre (actuel boulevard Maréchal-Leclerc) sont aménagés. Derrière le théâtre, les anciennes loges de la foire, devenues vétustes, sont démolies. Seul est conservé le pavillon des sociétés savantes, bâtiment qui abritait la police de la foire. Un nouveau quartier est alors planifié (percement des rues Sadi-Carnot et Daniel-Huet, redressement des rues Mélingue et Marthe-Le-Rochois).
Vue aérienne de la place en 1944.
La place depuis le théâtre au début du 20e siècle. À gauche, la ligne de tramway ; à droite derrière les enfants, l’entrée de la rue des Jacobins.
Crédits : fonds GOST-ARDI_0295
La place, qui prend la forme d’un grand parvis pavé, change peu jusqu’en 1944. Elle est traversée par le tramway électrique entre 1901 et 1937.
Le théâtre et la place, transformée en parc de stationnement, juste avant la seconde guerre mondiale.
Crédits : collection Aurélien Léger
Pendant la bataille de Caen, le théâtre est incendié et le quartier est durement touché par les bombardements. Après le déblaiement des ruines, des baraques provisoires sont implantées sur la place.
Le boulevard Maréchal Leclerc et la place du Théâtre, après la bataille de Caen.
Crédits : Archives du Calvados – 64fi_018
Baraquements provisoires installés sur le site de l’ancien théâtre.
Crédits : collection Ouest-France
Dans le cadre de la reconstruction, un nouveau théâtre, de 72 mètres de long sur 38 mètres de large est érigé, mais il est déplacé légèrement vers l’est et son orientation change, sa façade étant désormais alignée dans l’axe de la rue du Pont-Saint-Jacques. La rue de l’Oratoire est prolongée jusqu’à la rue Mélingue et la nouvelle place du Théâtre, maintenant largement ouverte sur la rue des Jacobins, est désormais rectangulaire. La rue Marthe-Le-Rochois est conservée mais uniquement à l’ouest de la rue Mélingue, n’intégrant en réalité que l’actuel n°29 qui fait l’angle avec la rue Sadi-Carnot.